Salam à tous chers collègues,
Une phrase a retenu mon attention : celle de moudjib.
« Alors comment font -ils pour confectionner des contenus qui ne répondent pas à la réalité ? »
Mettre l’élève au centre de l’apprentissage, cette devise de Célestin Freinet , a encore du mal à se frayer un chemin dans nos programmes et dans nos esprits.
Un jour un de mes élèves est tombé dehors. Je l’ai aidé à se relever et comme la chute avait été sérieuse (sur la tête) je lui ai proposé de le raccompagner chez lui. Il a refusé mais j’ai insisté craignant qu’il ne soit victime d’un étourdissement en cours de route et surtout pour dire à sa mère de surveiller son fils au cas où il s’endormirait ou vomirait.
Je voyais bien qu’il était gêné et que mon insistance le dérangeait mais je l’ai suivi. Il marchait tête basse et répondait à peine à mes questions. Sa maison était bien plus loin que je ne l’avais pensé au début, cachée par les roseaux, au milieu d’autres bidonvilles, à l’abri des regards.
Je vis dans cette commune depuis plus de 20 ans et je ne connaissais pas l’existence de ces bidonvilles.
J’ai compris sa gêne en voyant le taudis où il s’apprêtait à rentrer. Je suis restée à l’extérieur pour ne pas le gêner d’avantage et sa mère est sortie pour me parler.
Quand je suis rentrée chez moi, j’ai eu cette impression de décalage, d’inégalité sociale et surtout je me suis demandée dans quelle conditions il pouvait bien travailler, faire ses devoirs, réviser, lire. Dans quelles conditions il pouvait réaliser les projets qu’on demande à l’école. On lui parle d’internet alors que lui n’a pas l’eau courante. On lui demande de décrire sa chambre alors qu’il partage une seule pièce à vivre avec le reste de la famille. On lui demande d’imaginer un conte alors qu’il attend qu’une bonne fée ou qu’un enchanteur viennent lui offrir un toit décent.
On leur parle d’amour, d’entente, alors que beaucoup vivent l’enfer des disputes à la maison, des parents séparés. On leur parle de bien-être, de confort, de repas équilibrés, alors que les salaires misérables de leurs parents suffisent parfois à peine à les faire vivre. On leur parle de la protection de la planète et de l’environnement alors qu’ils vivent entourés de détritus que la commune ne cherche plus à ramasser. On leur demande de raconter leurs vacances mais pour eux ce mot signifie juste « la fermeture de l’école ».
L’école est une, le programme est un, mais les vécus et les réalités sont multiples, différentes, inégales. J’ai parfois l’impression de jouer et de leur faire jouer une mauvaise pièce de théâtre dans laquelle ils ne sont pas acteurs de leurs propres vie mais où ils se retrouvent contraints à des rôles imposés qui ne leurs correspondent pas. Il serait temps que les textes proposés dans les manuels correspondent à leur réalité. Qu’ils puissent se reconnaître, s’identifier et se construire.
L’écart ne cesse de se creuser , je n’ai pas la solution hélas, mais peut être s’il est encore temps, des supports, des projets correspondant à la réalité de notre pays permettraient peut être à ce que l’espace d’un instant en classe, cet écart se réduise.
Une phrase a retenu mon attention : celle de moudjib.
« Alors comment font -ils pour confectionner des contenus qui ne répondent pas à la réalité ? »
Mettre l’élève au centre de l’apprentissage, cette devise de Célestin Freinet , a encore du mal à se frayer un chemin dans nos programmes et dans nos esprits.
Un jour un de mes élèves est tombé dehors. Je l’ai aidé à se relever et comme la chute avait été sérieuse (sur la tête) je lui ai proposé de le raccompagner chez lui. Il a refusé mais j’ai insisté craignant qu’il ne soit victime d’un étourdissement en cours de route et surtout pour dire à sa mère de surveiller son fils au cas où il s’endormirait ou vomirait.
Je voyais bien qu’il était gêné et que mon insistance le dérangeait mais je l’ai suivi. Il marchait tête basse et répondait à peine à mes questions. Sa maison était bien plus loin que je ne l’avais pensé au début, cachée par les roseaux, au milieu d’autres bidonvilles, à l’abri des regards.
Je vis dans cette commune depuis plus de 20 ans et je ne connaissais pas l’existence de ces bidonvilles.
J’ai compris sa gêne en voyant le taudis où il s’apprêtait à rentrer. Je suis restée à l’extérieur pour ne pas le gêner d’avantage et sa mère est sortie pour me parler.
Quand je suis rentrée chez moi, j’ai eu cette impression de décalage, d’inégalité sociale et surtout je me suis demandée dans quelle conditions il pouvait bien travailler, faire ses devoirs, réviser, lire. Dans quelles conditions il pouvait réaliser les projets qu’on demande à l’école. On lui parle d’internet alors que lui n’a pas l’eau courante. On lui demande de décrire sa chambre alors qu’il partage une seule pièce à vivre avec le reste de la famille. On lui demande d’imaginer un conte alors qu’il attend qu’une bonne fée ou qu’un enchanteur viennent lui offrir un toit décent.
On leur parle d’amour, d’entente, alors que beaucoup vivent l’enfer des disputes à la maison, des parents séparés. On leur parle de bien-être, de confort, de repas équilibrés, alors que les salaires misérables de leurs parents suffisent parfois à peine à les faire vivre. On leur parle de la protection de la planète et de l’environnement alors qu’ils vivent entourés de détritus que la commune ne cherche plus à ramasser. On leur demande de raconter leurs vacances mais pour eux ce mot signifie juste « la fermeture de l’école ».
L’école est une, le programme est un, mais les vécus et les réalités sont multiples, différentes, inégales. J’ai parfois l’impression de jouer et de leur faire jouer une mauvaise pièce de théâtre dans laquelle ils ne sont pas acteurs de leurs propres vie mais où ils se retrouvent contraints à des rôles imposés qui ne leurs correspondent pas. Il serait temps que les textes proposés dans les manuels correspondent à leur réalité. Qu’ils puissent se reconnaître, s’identifier et se construire.
L’écart ne cesse de se creuser , je n’ai pas la solution hélas, mais peut être s’il est encore temps, des supports, des projets correspondant à la réalité de notre pays permettraient peut être à ce que l’espace d’un instant en classe, cet écart se réduise.