Voici un texte sur la
Guillotine, le prix de la liberté
Elle a été utilisée, la première fois, le mardi 19 juin 1956, pour l’exécution des martyrs Mohamed Zabana et Abdelkader Ferradj, dans une intervalle de sept minutes.
Pendant la guerre d’indépendance, plus de 2300 condamnations à mort furent prononcées par la « justice » française. D’après le « registre des grâces », consulté en 2011, on dénombre 217 condamnés qui ont été guillotinés ou fusillés entre 1956 et 1962, dans un contexte où, en vertu des « pouvoirs spéciaux », la justice militaire prenait le pas sue la justice civile. Ce chiffre est de 350 selon l’historienne Sylvie Thénault. A ce sujet, Jean-Jacques de Felice, adversaire infatigable de la peine de mort, avocat des condamnés à mort algériens, affirme qu’en cinq ans, le nombre d’exécution a été considérable. Ainsi, François Mitterrand a, en tant que ministre de la justice du gouvernement de Guy Mollet, entre 1956 et 1957, donné son accord pour l’exécution de pas moins de 45 nationalistes algériens. « Sous Mitterrand, la guillotine a fonctionné sans relâche », rapportent de nombreux témoignages sur les exécutions d’Algériens. Le 9 octobre 1981, François Mitterrand obtenait l’abolition de la peine de mort en France. Vingt-cinq ans plus tôt, il approuvait les premières exécutions d’Algériens. L’examen d’archives inédites de la chancellerie*, qui ont ou être consultées, montrent que Mitterrand, dans la majorité des cas, donna un avis défavorable à la grâce des condamnés. « Avis défavorable au recours » ou encore « recours à rejeter ».
Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie contemporaine, dit avoir découvert des documents inédits qui expliquent comment, pendant les 16 mois passés à la tête du département de la justice, Mitterrand a laissé sans broncher couper les têtes des nationalistes algériens, qu’ils aient ou non du sang sur les mains, à l’exemple de Fernand Yveton. Seul français parmi les exécutés, Yveton n’avait pas commis de crime de sang mais Mitterrand a quand même exigé sa décapitation.
Enfin, le temps n’est il pas venu pour l’institution judiciaire française de reconnaître que des fautes très graves ont été commises en son nom et qu’il n’appartient pas aux historiens de rétablir seuls la vérité ?
* D’après Amar Mansouri Dans la revue El Djeich N°576, juillet 2011*